Appel à communications – Colloque international Loango 2024

Visuel Colloque International Loango 2024

Le colloque La Baie de Loango et la traite négrière atlantique qui aura lieu des 16 au 18 octobre 2024 lance son appel à communication.

Les propositions sont à envoyer au plus tard le 30 juin 2024 à minuit à l’adresse suivante
colloqueloango2024@gmail.com.

Le comité scientifique du colloque procédera à l’évaluation des résumés. Les auteurs des propositions retenues seront informés au plus tard le 30 juillet 2024.

L’appel à communication complet est à retrouver ci-dessous :

> Appel à communication Colloque Loango 2024 <

2024-06-13T15:28:57+02:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

Colloque international Caribbean Mundus – mai 2024

Visuel Save The Date par l'artiste Christophe Mert pour le colloque Caribbean Mundus

Du 23 au 25 mai prochain aura lieu le colloque international «Caribbean Mundus: Power, History, (Post)-Slavery, Environment and Global Sustainable Futures».

Organisé dans le cadre de la clôture du programme de recherche Connec Caribbean,ce colloque se tiendra sur le Campus de Schoelcher à l’Université des Antilles en Martinique.

Le visuel intitulé “Nou doit être au centre” a été réalisé par l’artiste martiniquais Christophe Mert.

Pour retrouver la totalité du programme, cliquez sur > ce lien <

 

2024-05-18T20:51:21+02:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

Les Nocturnes de l’Histoire 2024

À l’occasion des Nocturnes de l’histoire, l’association Canal historique propose une séance ouverte à tous.tes, consacrée aux sociétés esclavagistes et post-esclavagistes des Antilles.

Gaëlle Antiste et Adelaïde Marine-Gougeon, deux doctorantes du CIRESC spécialistes de la Martinique, revisiteront l’historiographie de ces sociétés et évoqueront leur travail visant à faire parler la voix des esclavisés à travers les archives et un intérêt particulier donné à des acteurs encore peu étudiés. Dans le cadre des sessions Canal historique, cette présentation sera l’occasion d’une conversation avec le public permettant d’élargir le débat et notamment d’aborder les enjeux politiques et mémoriels.

Entrée gratuite, réservation conseillée ici : https://www.helloasso.com/associations/canal-historique/evenements/canal-historique-x-nocturnes-de-l-histoire

Plus d’informations sur le site des > Nocturnes de l’Histoire 2024 <

crédits visuel : Association Canal historique
2024-05-03T14:45:33+02:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

Journée d’études Hard histories

Dans le cadre de l’accord d’échange entre l’EHESS et le JHU, les membres du laboratoire Hard Histories à Hopkins invitent des collègues français à se joindre à eux pour comparer les approches historiques des “passés difficiles” menées par leurs centres de recherche respectifs.

Ils souhaitent prolonger l’analyse en examinant comment ces passés perdurent dans le présent et comment leur étude permet d’imaginer un avenir plus juste. En partageant les recherches actuelles tout en considérant la diversité des conceptions de l’histoire et de la mémoire en France et aux Etats-Unis, cette journée d’études visera, de manière comparative, à élucider ce qui, dans la recherche historique, conduit à l’examen de soi, à la destruction des mythes et à la rupture des silences. Enfin, il s’agira de voir comment ce travail peut servir les communautés auxquelles il s’adresse.

Les intervenants :

Mathilde Ackermann-Koenigs, CIRESC et Université de Bielefeld
Jessica Balguy, CIRESC et Carnegie Mellon University
Myriam Cottias, CIRESC et Mondes américains (EHESS-CNRS)
Lauren Feldman, Johns Hopkins University
Ary Gordien, URMIS (Université Paris Cité)
Jean Hébrard, Mondes américains (EHESS-CNRS) et Johns Hopkins University (président)
Nadia Yala Kisukidi, Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis
Martha S. Jones, Johns Hopkins University
Malaurie Pilatte, Johns Hopkins University
Marie-Jeanne Rossignol, Université Paris Cité
Maboula Soumahoro, Université de Tours and Institute for Ideas and Imagination,
Columbia Global Centers, Reid Hall, Paris

2024-03-06T14:47:12+01:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

Colloque international « L’Atlantique noir » de Paul Gilroy 30 ans après

Actualité d’un concept clé des études sur l’esclavage atlantique et ses héritages, en partenariat avec le CIRESC.

L’anniversaire des 30 ans de la publication de L’Atlantique noir est l’occasion de penser à nouveau frais à ce que représente l’Atlantique noir – à la fois l’œuvre de Paul Gilroy et le concept analytique qu’elle a fixé pour la postérité – dans le champ des études francophones en histoire, histoire de l’art, anthropologie et littérature sur l’histoire de l’esclavage, de ses mémoires et de ses héritages.

En 1993, Paul Gilroy publiait The Black Atlantic, marquant ainsi un tournant dans le champ de l’étude des cultures héritées de la traite et de l’esclavage. Cet ouvrage représentait un premier jalon à l’étude de l’Atlantique en tant qu’un espace diasporique traversé par des flux sans centre et d’intenses circulations multidirectionnelles entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques. Depuis lors, le paradigme de « l’Atlantique noir » est devenu canonique au point d’être largement repris comme titre pour nombre de publications sur l’esclavage, dans le monde anglophone puis plus tardivement dans le monde francophone.

L’anniversaire des 30 ans de la publication de L’Atlantique noir est l’occasion de penser à nouveau frais à ce que représente « l’Atlantique noir » – à la fois l’œuvre de Paul Gilroy et le concept analytique qu’elle a fixé pour la postérité – dans le champ des études francophones en histoire, histoire de l’art, anthropologie et littérature sur l’histoire de l’esclavage, de ses mémoires et de ses héritages.

Peut-on l’employer comme un cadre épistémologique pertinent pour tout type de recherche sur l’esclavage atlantique ? Doit-on le réserver au champ des cultural studies dans lequel il avait été initialement pensé ? En un mot, quelle est la valeur heuristique du concept aujourd’hui du point de vue tant disciplinaire que thématique, chronologique ou encore géographique ? Ce cadre peut-il être appliqué de manière globale ou son application doit-elle être restreinte à des échelles d’analyse micro (centrées sur la notion de trajectoire ou de biographie) ? Organisé autour de plusieurs axes d’études que le cadre de « l’Atlantique noir » a permis de renouveler en profondeur, l’objectif de ce colloque est de discuter des apports, héritages ou mutations du cadre théorique et spatial de l’Atlantique noir dans l’actualité de la recherche en sciences sociales. ”

Pour consulter le programme, cliquez ici

Image : Woman In Tignon, RINCK, LOUIS NICOLAS ADOLPHE, 1844, Gift of Mr. & Mrs. W. E. Groves, 19th Century Collection; William E. Groves Collection

  • Date de l’événement : 6 et 7 décembre 2023

  • Lieu de l’événement : Musée du Quai Branly – Jacques Chirac / Salle de cinéma / 37 quai Branly et 218 rue de l’université, 75007, Paris

  • Toutes les infos sur le site du Quai Branly 

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2023-12-03T21:14:46+01:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

9e Rencontres atlantiques au musée d’Aquitaine

D’un bord à l’autre. Des Français venus d’« outre-mer »

Colloque international en partenariat avec le CIRESC

Depuis 2007, le musée d’Aquitaine et le CIRESC organisent tous les deux ans un colloque international dans le cadre des commémorations de la journée du 10 mai sur les mémoires des traites, des esclavages et de leurs abolitions.

Cette année, les Rencontres atlantiques seront l’occasion de revenir sur l’histoire peu connue de la présence sociale, politique ou culturelle et l’expérience de ces Français d’outre-mer, à partir du BUMIDOM qui, il y a 60 ans, mettait en œuvre la migration organisée des DOM vers la France hexagonale.

Image affiche : David Damoison

  • Date de l’événement : 25 au 26 mai 2023

  • Lieu : Musée d’Aquitaine
    20 cours Pasteur, 33000 Bordeaux

  • Toutes les infos sur le site du musée

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2023-05-17T10:53:04+02:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

Le séminaire du CIRESC à la librairie Karthala

Le séminaire du CIRESC à la librairie Karthala

Le séminaire commun du CIRESC et de Mondes Américains aura exceptionnellement lieu à la librairie Karthala, vendredi 13 janvier 2023.

Dans le cadre de la thématique “Les mots de l’esclavage et du post-esclavage”, Jean-Pierre Le Glaunec (université de Sherbrooke, Québec) viendra discuter du mot « Résistance : ‘’Quand on danse, on ne se révolte pas’’ : les mots de la résistance à l’esclavage à la Nouvelle-Orléans, 1811-1817 ».

Cette intervention sera suivie par la présentation des derniers ouvrages du CIRESC, co-édités avec Karthala dans la collection “Esclavages”, en présence de leurs autrices : Annie Fitte-Duval (Droit et esclavages, septembre 2022) et Marie-Jeanne Rossignol (Noirs et Blancs contre l’esclavage, octobre 2022)

Venez nombreux et nombreuses !

Co-organisateurs et co-organisatrices du séminaire

  • Antonio de Almeida Mendes (maître de conférences, université de Nantes, CRHIA)
  • Magali Bessone (professeure à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne)
  • Klara Boyer-Rossol (CIRESC)
  • Myriam Cottias (directrice de recherche au CNRS, LC2S / CIRESC)
  • Céline Flory (chargée de recherche au CNRS, Mondes Américains)
  • Ary Gordien (chargé de recherche au CNRS, LARCA)
  • Romy Sanchez (chargée de recherche au CNRS, IRHIS)

Plus d’informations sur le séminaire 2022-2023

https://esclavages.cnrs.fr/vie-scientifique/seminaire/les-mots-de-lesclavage-et-du-post-esclavage/

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2023-02-06T11:48:25+01:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

Hommage à l’historienne Gwendolyn Midlo Hall

Gwendolyn Midlo Hall est décédée à Guanajuato, au Mexique, le 29 août 2022 à l’âge de 93 ans. Elle fut le mentor de nombreuses générations d’historiens de l’esclavage d’Afrique, d’Europe, des Amériques et des Caraïbes. Elle est l’auteure de Slavery and African Ethnicities in the Americas: Restoring the Links (University of North Carolina Press, 2005). Son premier livre, Social Control in Slave Plantation Societies: A Comparison of St. Domingue and Cuba, a été publié par Johns Hopkins University Press en 1971. Cette même année, elle avait rejoint l’Université Rutgers, où elle était professeure d’études latino-américaines et caribéennes. Avant son retour à La Nouvelle-Orléans, sa ville natale, elle a également enseigné à la Michigan State University, après avoir pris sa retraite de Rutgers.

Gwendolyn Midlo Hall est surtout connue pour son livre Africans in Colonial Louisiana: The Development of Afro-Creole culture in the Eighteenth century (1992). Il s’agit de la première œuvre historienne étudiant systématiquement la genèse de la culture afro-créole de Louisiane. Ce livre explore la constitution de la population africaine et sa contribution à l’édification du pays grâce à des savoir-faire pointus, notamment en matière de riziculture. Les phénomènes de résistance y occupent aussi une place considérable, et ce travail donne aux espaces de marronnage un rôle crucial dans l’émergence de la culture afro-créole. Jusque-là, cet aspect de l’histoire de la Louisiane était négligé par l’historiographie américaine à cause, selon G.M. Hall, de la barrière linguistique car l’essentiel de la documentation relative à ce pays est en français, et ce plusieurs décennies après le début de la période américaine en 1803. Dans son livre, l’auteure s’insurge énergiquement contre l’idée largement répandue selon laquelle la culture des États-Unis est une culture anglo-saxonne. On aurait tort de croire, soutient-elle, qu’il existait une culture ou une société toute puissante, implantée par les colons européens, dans laquelle les non-Européens, plus particulièrement les Africains, étaient assimilés (« Creolization was not the process of Africans melting into a European pot »). Gwendolyn Midlo Hall remet aussi en cause, concernant la Louisiane, l’idée selon laquelle les maîtres auraient réussi, ou même cherché à séparer systématiquement les Africains de la même ethnie. Les ethnies africaines et leurs cultures n’étaient pas aussi fragmentées par l’esclavage qu’on le croit. Pour cette raison, elle considérait comme une démarche essentielle le fait d’interroger l’histoire, la société et la culture des ethnies africaines représentées pour comprendre la culture afro-créole de Louisiane. Gwendolyn Midlo Hall a défriché un terrain immense et tracé des voies de recherche ouvrant la porte à de nombreux historiens à travers le monde : cette historienne majeure a contribué à révolutionner les études diasporiques. Entre autres distinctions, elle a été nommée, en 1994, « Humaniste de l’année » par la Louisiana Endowment for the Humanities. Le gouvernement français l’avait aussi honorée avec le titre de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, pour sa contribution exceptionnelle à l’histoire de la Louisiane, une ancienne colonie française.

Gwendolyn Midlo Hall était née le 27 juin 1929 à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Son père, Herman Lazard Midlo, était un avocat des droits civiques et du travail. Le professeur Hall fut également une grande militante des droits civiques aux États-Unis. Son mari, Harry Haywood Hall, Afro-Américain, était un vétéran de la Grande Guerre puis un combattant dans les rangs des Brigades Internationales lors de la guerre civile espagnole et cofondateur à la fin des années 1950 du Parti communiste américain. Ses écrits, notamment le livre Negro Liberation (1949), tout comme des articles coécrits avec Gwen Midlo Hall dans Soul Book, dans la région de la baie de San Francisco au milieu des années 1960, avaient contribué à inspirer la création du Black Panther Party et d’autres mouvements de défense des Noirs. Cette lutte résolue contre le racisme, l’oppression et l’injustice avaient suscité leur harcèlement par le FBI et leur inscription sur une liste noire, synonyme de licenciements abusifs. Elle fut alors forcée de déménager avec ses deux jeunes enfants au Mexique de 1956 à 1964, période au cours de laquelle elle fit des études finalement couronnées par un doctorat en histoire, à l’Université du Michigan.

À partir de 1984, le professeur Hall a passé seize années laborieuses à examiner plusieurs milliers de documents coloniaux français et espagnols, notamment dans les palais de justice paroissiaux de la Louisiane et dans les archives de France et en Espagne. Plus couramment connue sous le nom de Louisiana Slave Database, sa base de données (Afro-Louisiana History and Genealogy, 1719-1820) a été construite à partir de ces documents originaux. Cette base de données a inspiré l’édification des Allées Gwendolyn Midlo Hall, un mémorial du musée de l’esclavage Whitney Plantation (Wallace, Louisiane), dédié aux milliers de personnes réduites en esclavage en Louisiane et clairement identifiés dans les archives. Ce mémorial est aussi un hommage à son œuvre historienne. Selon son vœu, ses cendres y seront enterrées. Après l’ouragan Katrina et ses ravages, elle avait déménagé à Guanajuato, au Mexique, pour vivre avec son fils, Haywood Hall, et sa famille. L’année dernière, elle a publié ses mémoires intitulés Haunted by Slavery: A Southern White Woman in the Freedom Struggle (2021), un livre où elle raconte une vie pleinement vécue. Gwendolyn Midlo Hall travaillait en ce moment fatidique sur un dernier livre intitulé Slavery, race mixture, and diversity in Louisiana, dont la publication est l’objet d’un accord avec Lousiana States University Press à Bâton Rouge. Il appartiendra à des collègues historiens, qu’elle a elle-même désignés, de terminer cet ouvrage auquel elle a consacré ses toutes dernières forces malgré la maladie.

Ibrahima Seck

Maître de conférence au département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop, directeur de recherche du Musée de l’esclavage Whitney Plantation en Louisiane

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2022-09-30T12:49:09+02:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

« Il est temps de décoloniser nos imaginaires ». Entretien avec Krystel Gualdé, commissaire de l’exposition « L’abîme »

Avec sa dernière exposition intitulée « L’abîme. Nantes dans la traite Atlantique et l’esclavage colonial, 1707 – 1830 », le musée d’histoire de Nantes replonge le visiteur dans une histoire à la fois globale et locale : celle de la traite et de l’esclavage, de leur mise en place de part et d’autre de l’Atlantique, mais aussi l’implication de la ville de Nantes dans ce système.

Grâce aux collections du musée, réinterrogées pour l’occasion, le passé négrier de la ville est remis en perspective à travers un parcours chronologique, ponctué d’une dizaine de salles. De la découverte des Amériques et de la côte ouest africaine à l’établissement du système esclavagiste atlantique, en passant par le développement de Nantes comme port négrier et des Empires coloniaux à la fin du XIXe siècle, jusqu’à la question du racisme de nos jours, le parcours ne questionne pas seulement une part de l’histoire. Il offre aux visiteurs des clés pour décrypter un passé et un contexte aussi spécifiques que complexes, en questionnant leurs enjeux mémoriels.

Avec une approche résolument historienne, les objets présentés sont de véritables sources révélant un quotidien et des imaginaires propres à une époque. Ils tendent ainsi à réhumaniser les populations esclavisées, en leur redonnant une place et une capacité d’action à part entière au sein la société française coloniale.

Allons en apprendre plus au côté de Krystel Gualdé, directrice scientifique du musée d’histoire de Nantes et commissaire scientifique de l’exposition.

Château-des-ducs-de-Bretagne-©-David-Gallard-LVAN

Exposition L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830. Château des ducs de Bretagne © David Gallard – LVAN

Quelle était l’ambition et la démarche lors de l’élaboration de cette exposition ?

La première ambition était de valoriser un certain nombre de nouveaux travaux de recherches sur la traite et l’esclavage coloniale à l’échelle de ce qui s’est fait ces dernières années, dans le monde et sur plusieurs continents.

Le but était de transmettre ces nouvelles connaissances, faire découvrir de nouvelles mises en perspective au grand public, le musée étant une passerelle entre les universitaires et le grand public. Il s’agissait de montrer un monde connecté, global, allant de pair avec les nouvelles recherches actuelles, pour établir des vitrines inattendues et mettre le public face à des collections qu’il n’appréhendait pas sous cet angle-là, pour changer le regard.

L’autre objectif était d’être très pédagogique, pour raconter la complexité d’une époque. Ce système esclavagiste et colonial est difficile à définir en quelques mots, nous sommes devant une histoire imposant de s’interroger. Cela passe par des questions portant sur la manière : comment les choses se sont mises en place ? Qui étaient les acteurs à l’échelle de plusieurs continents ? Qui en ont été les bénéficiaires ?

Il s’agissait aussi de mettre en valeur une histoire méconnue des Français : celle des personnes mises en esclavage ayant vécu sur le sol de France et à Nantes, à travers des extraits de vies de ces personnes.

Un autre but était de tester des dispositifs pour réactualiser le musée permanent d’ici 2023-2024.

Cette exposition a donc été, d’une certaine manière, un laboratoire pour les collections permanentes ?

Oui, c’est vrai, elle nous permet d’observer ce qui fonctionne, ce qui est compris, ce qui surprend, étonne, pour renforcer notre propos sans lasser les visiteurs. Le musée se met à disposition du visiteur, en partant du principe qu’il ne connait pas les mêmes choses que les spécialistes.

Le fait de mettre des panneaux racontant des vies d’esclaves en France est un point étonnant, car nous avons traditionnellement en tête le fait qu’en arrivant sur le sol français, ils deviennent libres. Au contraire, nous découvrons qu’ils·elles sont toujours exploité·e·s ou du moins, toujours considéré·e·s comme esclaves…

À partir de 1716, un édit, dont l’auteur est le maire de Nantes, Gérard Méllier, clarifie les choses pour que les populations esclavisées arrivant des territoires colonisés conservent leur statut servile. Il y a donc une succession de lois se renforçant entre 1716 et 1738, puis en 1776, pour véritablement contrôler cette population et empêcher l’obtention de leur liberté sur le sol de France. La présence de personnes esclavisées en France se compte par milliers. Elles vivront parfois toute leur vie ici, en esclavage, même si d’après les textes, au bout de 3 ans, elles doivent repartir dans les colonies.

C’est la section qui surprend et intéresse le plus les visiteurs, car elle est fondée sur des connaissances juridiques peu répandues.

Exposition L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830. Château des ducs de Bretagne © David Gallard – LVAN

Le peu de procès recensés à cette période sur le sujet étaient-ils intentés par les propriétaires, pour garder leurs esclaves ? Les esclaves avaient-ils conscience de leurs droits et des flous juridiques ?

À la fin du XVIIe siècle, ce sont des personnes mises en esclavage qui intenteront des procès au nom du droit coutumier. Dans ce cas, ce n’est pas vraiment un affranchissement, car ce ne sont pas les maîtres qui affranchissent, mais l’État qui reconnait le statut juridique de la personne comme étant libre. C’est très différent dans les considérations !

Peu de cas ont existé. Un exemple particulier à Nantes est celui d’une jeune femme qui arriva en 1714 avec sa propriétaire, avant d’être mise en pension chez les Bénédictines du Calvaire. Elle voulut intégrer l’ordre, ce qui est en théorie interdit. Les Bénédictines l’acceptent, mais la propriétaire ira devant le tribunal pour la récupérer. Elle perdra car elle n’avait pas des documents prouvant le statut d’esclave de cette jeune fille avant son entrée dans les ordres. Mais c’est un défaut d’écriture qui permet cet affranchissement…

Comment et sur combien de temps l’exposition et son parcours ont été conçus ?

Ce sujet est travaillé ici depuis très longtemps, en lien avec le passé de la ville et avec l’histoire de l’écriture du musée lui-même. Ouvert en 2007, il a été le premier musée d’histoire à aborder ces questions. Avec Bertrand Guillet [directeur du musée d’histoire de Nantes] et Marie-Hélène Jouzeau [conservatrice du patrimoine, directrice du Château de ducs de Bretagne jusqu’en 2008], nous en avons commencé l’écriture dans les années 2000.

À l’origine de l’exposition, il y a aussi le livre, présenté comme étant le catalogue de l’exposition. Le projet initial était de réaliser un livre avec toutes les collections, présentées ou non au public, pour réfléchir à la possibilité de faire une histoire, aussi pleine et entière que possible, dans un musée comme le nôtre possédant des collections univoques et négrières.

L’exposition est une extension et une adaptation du livre, pour rendre visible le récit. Une fois que l’écriture en a été faite et les intentions posées sur le développement didactique de plusieurs dispositifs, l’ensemble de l’équipe pédagogique et multimédias s’est motivée pour faire des propositions, rechercher ce qui se faisait ailleurs, …

Il a fallu dépouiller un peu l’exposition permanente, c’est pour ça que c’est aussi intéressant car lorsque ces objets seront réintégrés dans le parcours permanent, nous ajouterons de nouveaux dispositifs selon la façon dont les visiteurs s’en seront servis. Il y a une valeur d’usage de l’exposition qui nous intéresse ici.

N’est-ce pas un contexte justement un peu circonscrit à Nantes, par rapport à l’échelle nationale où la traite et l’esclavage ne sont pas forcément mis en avant ?

Nantes, avec ce sujet, rayonne en France, peut-être même plus dans le monde qu’en France d’ailleurs. Le travail qui a été réalisé ici a permis de mettre en avant des objets uniques au monde. La ville de Nantes est dont très interpellée sur ces questions, y compris dans ses pratiques par rapport au public, à la jeunesse, à ses actions pédagogiques et à sa programmation artistique autour de ces sujets.

Pour la mise en avant du sujet ici plutôt qu’ailleurs en France, cela vient sans doute des associations mémorielles et d’historien·en·s, très fortes dès les années 1980, ainsi qu’une volonté politique portée par l’ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, qui avait fait de la reconnaissance du passé esclavagiste et négrier de la ville un axe de sa campagne de 1989 aux élections municipales. De l’exposition des Anneaux de la mémoire en 1992 à « L’abîme », cette volonté est inscrite durablement à Nantes.

Tout à l’heure, vous évoquiez les publics visitant l’exposition. Quels étaient justement les publics visés et comment retranscrire cette réalité de l’esclavage, en prenant en compte les enfants ?

Par rapport aux enfants, ce n’est pas tant la nature complexe qui posait problème, mais plutôt la place donnée à la violence. Comment la faire ressortir et protéger les enfants de certaines images, tout en ne leur cachant pas le fait que c’est une histoire particulière et violente en elle-même, à ne pas minimiser ? J’ai donc cherché une forme d’équilibre et beaucoup travaillé au fait que les plus jeunes n’aient pas directement accès aux images les plus dures, notamment celles des tortures.

Dans cette optique, l’un des grands principes de l’exposition est de mettre à distance les collections. Elles font ressortir une vision coloniale et racialiste de l’Autre, marquée par la domination et d’exclusion.

Elles sont montrées dans cette perspective pour révéler au visiteur que ces images et objets avaient déjà une intention. Si l’image présentée n’est pas violente, c’est que l’intention, au moment de sa création, est de montrer que tout se passe bien : or, ce n’est pas le cas. Le cartel explicite ces aspects et invite les visiteurs à comprendre tout ce dont les images ne témoignent pas. C’est n’est pas parce que c’est une image du XVIIIe siècle qu’elle raconte la vérité du XVIIIe siècle !

C’est en effet ce que j’ai constaté en visitant. Il y a une grande place donnée à la remise en contexte de ces images et de ces objets, à l’imaginaire qu’ils révélaient de l’époque même, des fantasmes sur les Amériques sur l’Afrique, sur le travail des esclaves, afin de faire comprendre ce que les individus voyaient à l’époque.

Absolument. C’est d’ailleurs le principe des « Expression(s) décoloniale(s) », que nous organisons tous les deux ans avec des historiens et des artistes africains : proposer aux visiteurs de prendre conscience qu’il est temps de décoloniser nos imaginaires. Par notre environnement, par ce que nous voyons tous les jours, nous intégrons dans nos imaginaires des représentations, des conceptions que nous n’interrogeons pas. Le visiteur est interpellé et devenir acteur de sa pensée est passionnant.

Cela aide à avoir des clés de compréhension pour décrypter ce qu’on lit et voit, au même titre que l’analyse multimédia des tableaux des époux Deurbroucq peints avec leurs esclaves, présentés dans l’exposition avec un dispositif de projections et des explications orales.

L’idée était de faire prendre conscience que ces tableaux montrent en réalité 4 portraits, 4 individus nantais pleins et entiers, dont le statut juridique est différent. Et cela change la manière de regarder une peinture, dans toute sa complexité. Les petites biographies tentent aussi de montrer les relations parfois extrêmement dures et plus complexes entre des individus faisant société. Cela revient au travail actuellement effectué par les historien·ne·s : rendre histoire et mémoire à celles et ceux qui ont été exclu·e·s de l’humanité.

Exposition L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830. Château des ducs de Bretagne © David Gallard – LVAN

L’exposition est marquée par une vraie démarche historienne…

C’est vrai, et les visiteurs apprécient cela. On s’est rendu compte qu’ils lisaient tous les cartels, qu’ils accrochent à cette histoire car l’exposition ne les confortent pas uniquement dans leurs savoirs : on leur en dit plus et autrement. C’est cet ensemble qui fait qu’ils restent jusqu’à la fin de l’exposition. Le sujet semble particulièrement les interpeler aujourd’hui.

L’enjeu serait peut-être de mettre plus en avant le sujet auprès du grand public ?

Je pense que beaucoup de musées dans le monde et en France s’attachent à faire ce travail, comme le font la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, le CIRESC, ou des laboratoires de recherches. C’est un lieu de visibilité à l’échelle nationale qui serait peut-être à créer.

Les visiteurs se posent, prennent le temps pour lire. Qui a rédigé les cartels, défini le texte et travaillé sur les cartes interactives présentes tout au long de l’exposition ?

Je suis l’auteure de tout ce qui est écrit dans l’exposition, qui est directement issu du catalogue. Pour les cartes interactives, j’ai travaillé avec une documentaliste, Gaëlle David, qui m’a apporté des éléments didactiques et visuels pour que je puisse choisir les cartes qui allaient servir de support au récit dont j’avais écrit la trame.

Exposition L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830. Château des ducs de Bretagne © David Gallard – LVAN

À quels enjeux mémoriels l’exposition, comme le musée en général, doivent répondre et faire face ?

Les enjeux mémoriels nous font réviser, parfois renverser, notre conception et notre écriture historique. Ils sont de divers ordres.

Par exemple, pourquoi renverser les collections ? Dans la salle consacrée au quotidien des personnes mises en esclavage dans les colonies, nous sommes devant des objets montrant une vision européenne.

Pour le marronnage, dont il est question dans une des salles, nous n’avons aucun texte montrant le courage, la détermination et la résistance des personnes maronnes. C’est cela, « renverser les collections » : c’est-à-dire, pour ce cas, rendre héroïque une résistance réelle, plus importante qu’on ne pense, en parlant des communautés marronnes et de leur place. Nos collections montrent la vision négative, depuis l’Europe, de cette résistance, rendant nécessaire ce rappel. C’est un enjeu mémoriel, et pas uniquement un enjeu d’histoire, que de parler de ces résistances puisque cela change la perception que l’on a de ces actions, de cette histoire et de ses acteurs, comme des grandes figures de l’abolition.

Changer le vocabulaire est aussi un enjeu mémoriel. Dans toute l’exposition, il est question « d’homme, femmes et enfants », de façon à réhumaniser les individus qui sont un peu perdus derrière le terme générique d’« esclave ».

Jeter une passerelle entre le passé et le présent est important, car notre vision de l’Afrique et des Africains est connotée par cette histoire, qu’on le veuille ou non. Le travail des historien·ne·s est justement de faire en sorte que cette connotation disparaisse, pour remettre derrière cette connotation de la finesse, de la compréhension.

Aujourd’hui, en 2021-2022, en quoi cela fait sens de proposer au public une exposition sur Nantes, la traite et l’esclavage colonial ?

Je crois que cela ferait sens n’importe quand. Cela faisait déjà sens il y a 10 ans, peut-être encore dans 10 ans si, malheureusement, rien n’a changé. Le propos de l’exposition est de révéler en quoi nous faisons tous communauté. Il est fondamental d’aborder ces questions frontalement, mais aussi sereinement, grâce aux travaux des historien·ne·s, des chercheur·e·s. Nous proposons au public de reprendre le contrôle sur ces représentations qui n’ont pas complétement disparues, et qui ont créé des formes d’héritages.

Le tout, sans nier non plus les héritages plus dramatiques, comme les persistances du racisme dans le monde. Tous les ans sont publiés des rapports dans des ONG montrant que le regard porté sur les autres peut être xénophobe, méprisant. La crise de 2020 autour du décès de Georges Floyd aux États-Unis a été un moment qui a cristallisé aux yeux de tous qu’on n’en était pas complètement sorti.

C’est justement tout l’enjeu des sciences humaines et sociales : pouvoir sensibiliser le grand public, toucher les personnes ne connaissant pas forcément ou ne se sentant pas légitime à aborder le sujet, pour tenter de changer les consciences.

L’avantage est ce que ce sujet est un fil rouge du parcours permanent. Toutes les personnes qui entrent dans le musée permanent, dans le château de ducs de Bretagne, pour découvrir l’histoire de Nantes traversent cette histoire, sans le savoir dès le départ. Pour beaucoup de visiteurs, c’est une découverte. C’est aussi pour cela que c’est intéressant de réinvestir le parcours permanent en 2023-2024 avec les bénéfices de l’exposition, en jouant un rôle « d’éveilleurs de conscience ».

À la sortie de l’exposition, comment peut-on aller plus loin ? Est-ce que des éléments multimédias l’accompagnent et la complètent ?

On a créé plusieurs dispositifs et des outils en ligne, notamment des podcasts sur le site du Mémorial, qui ont été réalisés spécialement par et pour le musée d’histoire de Nantes.

Un est sur la Marie-Sépharique, pour faire comprendre en quoi consistait une campagne de traite. Un autre, en collaboration avec Slate.fr, portait sur les mémoires.

Très récemment, une visite virtuelle de l’exposition a été faite. Les spectateurs peuvent visiter toute l’exposition, tout lire, avec des explications supplémentaires sur des objets, des thématiques. Ils peuvent aussi accéder aux cartes en ligne.

Autour de cette exposition, on a aussi développé 3 visites qui se suivent et se complètent. Certaines, accessibles aux scolaires, permettent d’aller de l’exposition au Mémorial, avec entre les deux une visite de la ville.

Il y a également des publications, comme le catalogue mais aussi une BD. Et puis nous avons un grand corner dans notre librairie-boutique, où les visiteurs peuvent accéder à des travaux d’historien·ne·s et de chercheur·e·s venant des quatre continents.

Après « L’abîme », le musée a-t-il d’autres projets en préparation ?  Il y a donc celui du musée permanent dont il a été question, mais y a-t-il d’autres expositions qui sont en projet ?

Oui, en 2023, une nouvelle édition d’« Expression(s) décoloniale(s) » va s’ouvrir dans le musée permanent, pendant 6 mois, et ce sera sans doute avec un artiste et un historien camerounais. En collaboration, ils réécriront les cartels, qu’ils signent et qui seront présentés à la place ou à côté des nôtres, en offrant à l’artiste d’intégrer le parcours permanent avec ses propres œuvres.

Entretien réalisé par Pierrine Malette,

éditrice au CIRESC  (Centre international de recherches sur les esclavages et post-esclavages)

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2022-06-09T17:46:37+02:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|

Conférence internationale SLAFNET – ” L’esclavage en Afrique. Savoirs et décloisonnements “

“L’esclavage en Afrique. Savoirs et décloisonnements”

Conférence internationale  (SLAFNET – Slavery in Africa)
19, 20, 21 avril 2022, université Yaoundé I / Cameroun

Comité d’organisation

  • Marie-Pierre Ballarin (URMIS – IRD, Nice)
  • Edouard Bokagne Betobo (Département d’Histoire, Université Yaoundé 1)
  • Giulia Bonacci (URMIS – IRD, Nice)
  • Klara Boyer-Rossol (CIRESC Paris- Bonn Center for Dependency and Slavery Studies Bonn)
  • Stephan Conermann (Bonn Center for Dependency and Slavery Studies, Bonn)
  • Myriam Cottias (CNRS- CIRESC, Paris)
  • Colette Essono (IRD Yaounde)
  • Alban Fournier (URMIS-CNRS, Nice)
  • Joseph Fumtim (IRD Yaounde)
  • Moussa II (Département d’Histoire, Université de Yaoundé 1)
  • Ahmadou Sehou (CERPETA – Centre d’Études et de recherches Pluridisciplinaires sur les Traites en Afrique, Université de Maroua)
  • Joseph Jules Sinang (CERPETA – Centre d’Études et de recherches Pluridisciplinaires sur les Traites en Afrique, Université de Yaoundé 1)
  • Vijaya Teelock (CRSI – Centre for Research on Slavery and Indenture, Université de Mauritius, Le Réduit)

Thématique

La conférence internationale à laquelle nos institutions invitent les chercheur.e.s et enseignant.e.s a pour ambition de contribuer au bilan des savoirs sur l’esclavage en Afrique et à faire le point sur les avancées scientifiques significatives les plus récentes. Huit ans après la conférence « L’esclavage en Afrique : histoire, héritages, actualité » (SLAFCO) tenue à la Catholic University of Eastern Africa (Nairobi, 2014), cette initiative bénéficie des travaux développés dans le cadre du projet européen « Slavery in Africa: A dialogue between Europe and Africa » (SLAFNET, H2020 RISE, 2017-2022), ainsi que d’un écosystème scientifique riche de plusieurs initiatives collectives. Avec une approche favorisant le dialogue scientifique interdisciplinaire (histoire, anthropologie, sociologie, muséologie) et le dialogue avec la société civile (à travers la présence d’associations anti-esclavagistes, la projection de films, et la présentation d’ouvrages), l’ambition est ici de poursuivre les efforts visant au décloisonnement entre les différentes régions du continent africain, leurs historiographies et leurs acteurs.

1. Citoyenneté, marginalisation et injustices

L’analyse comparative des expériences sociales, politiques et économiques des descendants d’esclaves dans les sociétés africaines contemporaines révèle la stigmatisation, la marginalisation et la sousreprésentation politique dont ils sont tributaires. Bien des conflits encore vivaces trouvent leurs origines dans l’histoire de l’esclavage et l’altérité (ethnique, raciale ou autre) qui y est associée. Dans certains pays, l’activisme des descendants d’esclaves permet de faire évoluer les pratiques, mais dans d’autres, le silence continue de recouvrir des traumatismes devenus intergénérationnels. L’idéal d’une citoyenneté partagée est parfois mis à mal par des revendications de justice et de réparation qui exposent les fractures sensibles au cœur du tissu social et des politiques nationales et internationales.

2. Sources, mémoires sociales et récits de soi

Documenter la prégnance de l’esclavage, les discontinuités de ses pratiques autant que ses séquelles est une préoccupation centrale des chercheurs. La collecte et la préservation des sources orales, l’archéologie, les sources écrites et iconographiques, et les récits de vie sont autant d’éléments qui permettent la mise en production du travail scientifique. Mais ce sont également des éléments qui structurent ou influencent les mémoires sociales, les façons dont les individus et les sociétés représentent leurs perceptions du travail (genré, forcé, migrant), de l’ancestralité (comme rapport aux origines familiales), de l’autochtonie (comme rapport au territoire et aux origines géographiques) et de l’appartenance (comme rapport à un groupe ou une nation).

3. Enjeux patrimoniaux, musées et restitutions

Les sites, les objets et les cultures liés à l’esclavage sont parfois marginalisés dans la mémoire nationale ; ils sont parfois intégrés dans les musées et participent (ou pas) d’une expérience commune. Deviennent-ils des outils de sensibilisation favorisant le dialogue entre anciens maîtres et esclaves ou leurs descendants ? Les artefacts servent de supports de dialogue entre les générations et entre des mémoires divergentes, mais ils sont aussi au cœur de revendications persistantes et d’enjeux politiques qui parfois les dépassent.

4. Humanités numériques et esclavage

Plusieurs bases de données relatives à l’esclavage et à la traite négrière en Afrique, dans l’océan Indien occidental et dans l’Atlantique existent déjà. L’inventaire des sources (noms de personnes et des lieux, des histoires de vie, la variabilité linguistique et économique, les terminologies) mobilisées par ces bases de données, leur accessibilité et les questions techniques liées à leur utilisation (presse, confidentialité, conditions générales, mentions légales, etc.) sont autant de questions centrales. Il s’agit aujourd’hui de développer des outils facilitant une analyse complète des données et d’élaborer des politiques communes de gestion de ces données afin de les exploiter au mieux.

Plus d’informations sur le site

https://slafco2.sciencesconf.org/

  • Date de l’évènement:
    19, 29, 21 avril 2022

  • Contact: slafco2@sciencesconf.org

  • Lieu : Université de Yaoundé 1
    Cameroun

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2022-02-11T12:51:43+01:00Catégories : VIE SCIENTIFIQUE|
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