C’est un historien généreux, ouvert et engagé qui nous a quittés le samedi 3 avril 2021.

Hubert Gerbeau, historien, spécialiste de l’histoire de La Réunion, a véritablement ouvert le champ de recherches sur l’esclavage.

Après un séjour au Mali (alors dénommé le Soudan français) entre 1957 et 1958, et la réussite de l’agrégation d’histoire, il part en Martinique comme enseignant au lycée Schoelcher de Fort-de-France et y crée le Centre d’études régionales Antilles-Guyane avant que de s’installer à La Réunion où il enseigne à l’université de 1968 à 1980. Il revient alors à l’université d’Aix-Marseille III et travaille au Centre d’études et de recherches sur les sociétés de l’océan Indien (CERSOI).

Sa thèse de doctorat d’État est intitulée « L’esclavage et son ombre aux XIXe et XXe siècles », un sujet si mal connu alors, en cinq tomes (1 500 pages). Elle est soutenue à l’université d’Aix en Provence, le 19 mai 2005. Hubert Gerbeau obtient, la même année, le prix de thèse décerné pour la première fois par le Comité pour la mémoire de l’esclavage. Ce travail qui est une somme historiographique a été précédé de travaux importants, notamment un livre réédité plusieurs fois : Les esclaves noirs, pour une histoire du silence (1970, 1998, réédité en 2013 aux Indes Savantes) mais aussi, entre autres, un essai sur Martin Luther King (éditions universitaires, 1969, réédité en 2008 aux Indes Savantes).

La transmission de l’histoire était un souci majeur pour lui et il a participé tant à la Route de l’esclave de l’Unesco qu’à la création du musée historique de Villèle à La Réunion et au portail numérique « Histoire et mémoires de l’esclavage à la Réunion » (https://www.portail-esclavage-reunion.fr/documentaires/memoire-de-l-esclavage/memoires/lieux-de-memoire/).

À l’important travail d’historien d’Hubert Gerbeau s’ajoutaient des talents de romanciers. L’esclavage, ses expériences en Afrique, ont donné la matière à des romans : Noc (éditions Le Bretteur, 2004) ; Lia : d’un paradis à l’autre (les Indes Savantes, 2006) ; Swèdjana-le fou d’Afrique sous le pseudonyme d’Hubert G. David (Flammarion, 1980), entre autres. Il est aussi auteur de poèmes dont Nostalgies de couleurs (Océan Editions, 1990) et conteur avec Le voyageur (La Corne de Brume, 2003).

Le CIRESC lui rend ici un hommage sincère et présente ses condoléances à ses enfants et petits-enfants.

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