La prochaine séance du séminaire « Esclavage et post-esclavage : histoires, mobilisations et images dans le monde atlantique (XIXe-XXIe siècle) » se déroulera :

Vendredi 15 décembre 2017, de 15h00 à 18h00, salle 5 (EHESS, 105 bd Raspail 75006)

Nous aurons le plaisir de recevoir :

Michaël Roy (Université Paris-Nanterre) qui nous présentera son ouvrage : Textes fugitifs. Le récit d’esclave au prisme de l’histoire du livre

et

Ana Lucia Araujo (Université d’Howard, États-Unis) qui nous présentera son ouvrage : Réparations matérielles et financières pour l’esclavage et la traite atlantique des esclaves avant et après l’émancipation

​Présentation :

Textes fugitifs. Le récit d’esclave au prisme de l’histoire du livre (ENS éditions, 2017)

Contrairement aux esclaves des colonies françaises, les esclaves américains ont laissé de nombreux récits autobiographiques, parus pour la plupart dans les décennies ayant précédé la guerre de Sécession. Ces « récits d’esclaves » (slave narratives) – ceux de Frederick Douglass et William Wells Brown, Sojourner Truth et Harriet Jacobs, Charles Ball et Solomon Northup – font aujourd’hui pleinement partie du canon littéraire américain. Comment des femmes et des hommes parfois à peine rescapés des plantations sudistes sont-ils parvenus à écrire ou à faire écrire, puis à publier, le récit de leur servitude ? Quelle place ces récits ont-ils occupée dans le champ littéraire et politique des années 1830 aux années 1860 ? Dans quelles conditions ont-ils été redécouverts, après un siècle d’oubli, pendant la seconde moitié du XXe siècle ? À partir d’études de cas portant sur des récits d’esclaves connus et moins connus, cette étude met à profit les outils de l’histoire du livre pour éclairer les circonstances de publication, de circulation et de réception de ces textes fondateurs de la tradition littéraire africaine-américaine.

Réparations matérielles et financières pour l’esclavage et la traite atlantique des esclaves avant et après l’émancipation (Reparations for Slavery and the Slave Trade. Transnational and Comparative History, Bloomsbury Publishing, 2017)

Dans cette présentation, Ana Lucia Araujo explore l’histoire des demandes de réparations pour l’esclavage et la traite atlantique des esclaves. Elle met en évidence la longue histoire des demandes de réparations financières et matérielles, soient-elles individuelles ou collectives, menées par les esclaves et les anciens esclaves depuis le dix-huitième siècle. L’argument central est que les façons dont les demandes de réparations ont été historiquement formulées sont profondément liées aux particularités des systèmes esclavagistes qui ont régné dans les sociétés où elles ont émergé. Araujo souligne que ces demandes sont liées aux processus particuliers qui ont abouti à l’abolition de l’esclavage dans plusieurs pays des Amériques et qu’elles sont également associées aux chemins pris par ces sociétés au cours de la période qui a suivi l’abolition de l’esclavage, notamment la façon dont les anciens esclaves et leurs descendants ont atteint (ou au moins tenté d’atteindre) des droits de citoyenneté. Elle montre que les appels aux réparations sont également associés aux façons dont les activistes noirs ont répondu à des systèmes juridiques imposant la ségrégation raciale et à des idéologies dominantes promouvant le racisme et renforçant la suprématie blanche.

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