Le CIRESC a le plaisir de vous annoncer la soutenance de thèse de Djiguatte Amédé BASSENE (CIRESC/EHESS).

“Captivité et affranchissement des enfants en Sénégambie française : 1815-1905.”

Thèse dirigée par : Mme Myriam Cottias, Directrice de recherche, CNRS et Mr Ibrahima Thioub, Professeur, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Celle-ci a lieu le jeudi 26 septembre 2024 à 14h30 à l’EHESS (salle AS1-08), 54 boulevard Raspail, Paris 75006.

Rapporteurs : 

  1. Marie-Pierre Ballarin, Directrice de recherche, IRD, URMIS, Université de Nice
  2. Henri Médard, Professeur, IMAF, Université Aix-Marseille

Jury :

Pascale Barthélémy, Directrice d’études, EHESS
Antonio De Almeida Mendes, Professeur, Université de Nantes
Anne Hugon, Maitresse de conférences, Université Paris 1
Violaine Tisseau, Chargée de recherche, CNRS/IMAF

Résumé :

Depuis le Congrès de Vienne de 1815 jusqu’au décret du 12 décembre 1905 abolissant la traite et l’esclavage en AOF, les puissances européennes y compris la France ont pris plusieurs mesures pour mettre fin à la traite et l’esclavage dans l’Atlantique et dans leurs colonies. Ces mesures, même si elles entrainent une réduction progressive de la traite atlantique et l’esclavage, étaient loin de mettre fin à ces pratiques à l’intérieur du continent africain. Au contraire, elles augmentent le nombre de captifs et d’esclaves laissés sur place pour plusieurs usages. En Sénégambie française, parmi cette population servile, un nombre important était constitué de mineurs du fait des multiples opportunités qu’ils offrent à leurs acquéreurs dans le contexte des abolitions. En effet, la France, après la reprise de ses possessions sénégambiennes des mains des Anglais en 1917, avait du mal à éradiquer la traite et l’esclavage dans la région. Leur contrôle limité de l’espace, l’importance de la main-d’œuvre servile dans la production des richesses, l’ancrage de l’esclavage dans les mœurs et la réussite du projet colonial, justifient la difficulté qu’avaient les autorités coloniales françaises pour appliquer la loi abolitionniste du 27 avril 1948 dans toute leur rigueur dans leurs possessions sénégambiennes. En dehors de cette difficulté, après l’abolition de 1848, l’absence d’infrastructures de prise en charge des mineurs en difficulté et de politique d’assistance publique faisaient que les autorités coloniales avaient du mal à prendre en charge les mineurs sans parents issus de la captivité dans ses colonies. Face à cette équation, trois acteurs furent mis en contribution par l’administration coloniale pour aider à la prise en charge de ces enfants. Il s’agit des missionnaires (religieuses comme religieux), des administrateurs coloniaux et des populations autochtones. Ces acteurs, en ville comme en campagne, en dehors de l’ambition philanthropique réelle affichée par certains dans la prise en charge des mineurs affranchis, ont profité de leur jeune âge pour en faire des passerelles pour atteindre leurs objectifs respectifs : une main-d’œuvre gratuite, des soldats, des relais pour la mission d’évangélisation, des époux, des fils ou des filles adoptés, des esclaves sexuels etc. Ainsi, des rapports très ambigus naissent entre les tuteurs et les mineurs sans parents issus de la captivité. Ces enfants sont déclarés libres sans pour autant avoir toute leur liberté.

Mots-clés : Sénégambie ; traite ; esclavage ; esclaves-captifs ; mineurs ; enfants-missionnaires ; captif, captivité ; abolition ; liberté ; colonie ; affranchis.

EN

Abstract :
From the 1815 Vienna Congress up to the December 12th decree 1905 abolishing the slave trade and slavery in (WAF) AOF, european powers including France, took several measures to end the slave trade and slavery in the Atlantic and in their colonies. These measures, even if they have led to a gradual reduction of the Atlantic slave trade and slavery, were far from being able to end these practices within the African continent. They, rather, increased the number of captives and slaves left on site for several uses. In French Senegambia, among this servile population, a significant number were minors due to the multiple opportunities they could offer to their owners in the situation of abolishments. Indeed, France, after the resumption of its Senegambian colonies from the hands of the English colonizers in 1917, faced difficulties in eradicating trafficking and slavery in the region. Their limited the space control, the importance of slave hand-labor in the production of wealth, the intergration of slavery in customs and the success of the colonial project, justify the difficulties that the french colonial authorities faced when it comes to apply strictly the abolitionist law of April 27, 1948 in their Senegambian colonies. Apart from these difficulties, after the abolition of 1848, the lack of infrastructure to care for minors in difficult situation and the public assistance policy, meant that the colonial authorities had difficulties to take care of parentless minors from captivity in its colonies.

Facing this equation, three actors were called upon by the colonial administration for helping to take care of these children. These are : missionaries (both men and women), colonial administrators and indigenous populations. These rural or urban actors, apart from the real philanthropic ambition displayed by some for free minors care, took advantage of their young age to use them as bridges to achieve their respective objectives: a free workforce, soldiers, relayers for the mission of evangelization, spouses, adopted sons or daughters, sex slaves, etc. Thus, very ambiguous relationships were born between guardians and parentless minors from captivity. These children are declared free while they are not.

Key words : Senegambia; slavery; slave-captives; minors; missionary; children; captive, captivity; abolition; freedom; colony; freed.