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REPAIRS

Réparations, compensations et indemnités au titre de l’esclavage (Europe-Amériques-Afrique) (XIXe-XXIe)

2016-2020

Le projet REPAIRS a pour objectif de faire une étude de l’indemnité, des réparations et des compensations au titre de l’esclavage, à la fois globale et située (selon les colonies et les sociétés post-coloniales) entre le XIXe et le XXIe siècle, sous l’angle de la philosophie politique, de l’histoire, de la sociologie et des sciences politiques. Cette approche pluridisciplinaire se divise en 3 axes, décrit ci-dessous. Il veut ainsi abonder le débat sociétal avec des éléments scientifiques informés. Il analyse à la fois les institutions et les acteurs historiques et contemporains autour des notions de droit, de justice, de mémoire, d’égalité qui définissent une nouvelle forme de citoyenneté.

Axe 1. Esclavage, justice, réparations : définitions et enjeux sociaux et théoriques

L’axe 1, coordonné par Magali Bessone (université Paris 1), fixe le cadre théorique de la réflexion, en travaillant sur la généalogie, les sens et les usages des termes mobilisés dans les discours (théoriques, juridiques, politiques) sur les réparations tant dans l’histoire que dans le monde contemporain (France, Europe, Amériques, Afrique).

Deux objectifs majeurs ont guidé la réflexion menée dans cet axe :

  • élucider les concepts et conceptions mobilisés dans les discours normatifs sur les réparations et les revendications de réparations ;
  • offrir un cadre conceptuel et normatif commun.

Ont été produits notamment 1) une revue bibliographique des théories de la justice réparatrice ; 2) l’étude de la manière dont les catégories et procédures mobilisées en droit (civil ou pénal), national ou international, pour répondre aux demandes de réparations, traduisent et influencent à la fois nos perceptions du caractère « juste » ou non des réparations ; 3) une étude de la généalogie des inégalités actuelles et des revendications de leurs compensations.

Axe 2. La question de la réparation et des indemnités au cours du XIXe siècle : du global au local

Cet axe, coordonné par Myriam Cottias (CNRS) , aborde les termes par l’histoire, sous l’angle comparatiste, et plus spécifiquement dans l’espace colonial français par l’étude du versement des indemnités aux anciens maîtres d’esclaves.

La question de l’indemnité a été examinée en étudiant :

  • d’une part, l’histoire de l’indemnité versée au titre de l’esclavage dans un contexte européen, et américain (les contextes nationaux, le rôle des Eglises, la question du travail et le droit des personnes),
  • d’autre part la question de l’indemnité dans l’espace colonial français du XIXe siècle (l’indemnité en Haïti entre 1825 et 1880, l’indemnité dans les colonies françaises en 1848-1849, la parole des « nouveaux affranchis » de 1848, les revendications et les sentiments, la question de la terre).

Axe 3. Les débats contemporains dans les sociétés post-esclavagistes

Le troisième axe, coordonné par Elisabeth Cunin (IRD), s’interroge, dans la période contemporaine, sur la réactualisation et la globalisation de la question des réparations en analysant à la fois les acteurs et institutions nationales et internationales.

Les réparations peuvent-elles être considérées comme un dépassement des politiques de la différence instaurées jusqu’à présent et y-eut-il  à l’œuvre des modalités nouvelles de citoyenneté ?

Des études de cas aux États-Unis, en Grande Bretagne, en Jamaïque, à Haïti, en Colombie, en République de Maurice, au Portugal, en Afrique et en France ont permis de nourrir une réflexion sur les réparations matérielles et symboliques, les acteurs et contextes.

La question des réparations a été étudiée au niveau transnational, en analysant les circulations transnationales (de personnes et d’idées), en évaluant le rôle des institutions internationales dans l’émergence, la légitimation et l’institutionnalisation de la question, mais aussi dans les tensions et conflits entre États et organisations ; et en étudiant leur influence dans les débats politiques nationaux et en faisant une étude spécifique des « acteurs nodaux » au cœur des réseaux internationaux et sur le rôle des agences internationales (ONU, La Conférence de Durban, l’Unesco, le CARICOM et l’Union africaine).

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