SÉMINAIRE MONDES AMÉRICAINS / CIRESC

« Pratiques sociales de la racialisation, de l’altérisation et de la domination dans l’esclavage et le post-esclavage »

Année 2019-2020

Ce séminaire commun au centre Mondes américains (CNRS, UMR 8168) et au CIRESC (CNRS, USR 2002) retrace, dans une perspective pluridisciplinaire, la généalogie des pratiques d’altérisation qui fondent la stratification des sociétés esclavagistes et post-esclavagistes.

Les séances se tiennent les 2e et 4e vendredis du mois de 15 h à 17 h en salle 3 au 105 Bd Raspail, 75006.

Référents pour cette UE

  • Céline Flory (chargée de recherche au CNRS, Mondes Américains),
  • Myriam Cottias (directrice de recherche au CNRS, LC2S / CIRESC),
  • Antonio de Almeida Mendes (maître de conférences, université de Nantes, CRHIA).

Magali Bessone (professeure à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne), Klara Boyer-Rossol (postdoctorante à l’EPHE, labex HAFTEC), Ary Gordien (chargé de recherche au CNRS, LARCA) et Romy Sanchez (chargée de recherche au CNRS, IRHIS) participent aussi à l’animation de ce séminaire.

Descriptif

Cette réflexion collective se propose de revisiter l’histoire des processus de racialisation et de métissage, de défaire l’évidence du lien, trop souvent admis, entre race et couleur dans les sociétés esclavagistes et post-esclavagistes et de contraster ces processus de domination avec d’autres plus inexplorés. Nous souhaitons interroger la tension entre pratiques d’altérisation et idéal de « citoyenneté moderne », inscrit dans l’horizon de l’égalité civile et politique, comme enjeu majeur de la construction des sociétés démocratiques. L’attention portée par l’historiographie aux abolitions a paradoxalement occulté les formes d’altérisation durables, notamment – mais pas uniquement – celles fondées sur les différences ethno-raciales, comme enjeu démocratique et/ou républicain.

Ce séminaire inscrit l’histoire de ces pratiques dans le temps long en les considérant non pas comme un processus linéaire mais davantage comme un ensemble de dynamiques distinctes selon les lieux et les temporalités. La dimension généalogique de la transmission de la dignité et de l’indignité à travers le temps et les corps est ainsi mise en lumière. Les pratiques d’altérisation économiques, politiques, juridiques, culturelles, somatiques, ontologiques et épistémiques sont ainsi repensées en dehors des enjeux de la grande traite négrière atlantique, trop souvent prise comme cadre d’interprétation paradigmatique des esclavages.

Pour analyser le fonctionnement de ces rapports de domination, il s’agit d’étudier ainsi des périodes parfois négligées par les historiens (Antiquité et Moyen Âge) et de mettre en relation les espaces américains, européens, africains et les îles de l’océan Indien, dans l’espoir de remettre en cause une certaine fragmentation historiographique. Les complexités de la racialisation et du colorisme, points nodaux de l’expérience esclavagiste transatlantique, seront mises en regard avec d’autres logiques d’infériorisation moins connues et explorées. Par exemple, en Europe, en Afrique et dans l’océan Indien, la culture, la filiation, l’ethnicité, la langue, la religion ou l’honneur peuvent s’avérer, sur le temps long, plus opérants que la race et la couleur pour comprendre certaines dynamiques. Enfin, l’une des visées de ce séminaire est de saisir comment se sont transmises des logiques et des pratiques d’altérisation, d’infériorisation et de domination. Par quelles pratiques passe la reproduction des stratifications des sociétés post-esclavagistes, comment ont-elles évolué et quels sont les changements en cours ? L’analyse des mobilisations politiques des populations descendantes d’esclaves au prisme de la réalité du maintien de cercles de pouvoir restreints d’élites esclavagistes ou composées de descendants d’esclavagistes représente à ce titre un objet d’étude essentiel. L’appréhender permet de se pencher sur les continuités et les mutations des revendications portées et des mécanismes de domination contestés.

Programme complet

8 novembre 2019
Giulia Bonazza, université Ca’ Foscari de Venise, CIRESC
« Abolitionism and the Persistence of Slavery in Italian States, 1750-1850 »

22 novembre
Nicolas Martin-Breteau, université de Lille
« “La suprématie blanche était presque mondiale” : W.E.B. Du Bois, la Première Guerre mondiale et la notion de whiteness »

29 novembre
Luis Nicolau Parès, université fédérale de Bahia
« Les affranchis du Brésil dans le commerce atlantique à la période de la traite illégale (1835-1845) »

6 décembre
Cécile Vidal, EHESS
« Caribbean New Orleans : Empire, Race, and the Making of a Slave Society »

20 décembre
Klara Boyer-Rossol, université Paris 7 Diderot, université Sophia Antipolis, CIRESC
« Migrants forcés et colonisés est-africains et malgaches dans le Sud-Ouest de l’océan Indien (de la fin du XVIIIe au début du XXe siècles). Catégorisation, domination et dynamiques de groupe »

17 janvier 2020
Anne Lafont, EHESS
« L’art et la race. L’Africain (tout) contre l’œil des Lumières » (Attention en salle 1)

24 janvier
Graziela Moraes Silva, The Graduate Institute Geneva
« Who is entitled to reparation ? The case of affirmative action verification committees in Brazil »

31 janvier
Marlène Daut, université de Virginie
« Le Baron de Vastey d’Haïti et L’Atlantique Noire » (Attention en salle 1)

14 février
Clémence Léobal, CNRS
« La blancheur bakaa : usages d’une catégorie transatlantique en Guyane de l’Ouest »

28 février
Victor Barros, université de Coimbra
« Fête de la Race dans les Colonies Portugaises Pendant la Dictature de Salazar : Colonialisme, Mémoire d’Empire et Racialisation du Récit Historique »

13 mars
Baptiste Bonnefoy, EHESS
« L’enchevêtrement des appartenances. Miliciens de “couleur” dans les villes espagnoles, françaises et britanniques de la Caraïbe (XVIIe-XVIIIe siècles) »

27 mars
Hourya Benthouami, université de Toulouse-Jean Jaurès
« Phénoménologie du passing. Sur l’expérience vécue de la disjonction entre race et couleur »

10 avril
Pauline Picot, université Paris-Est Créteil
« Enjeux mémoriels dans les mobilisations antiracistes post- et décoloniales franciliennes (2005-2019) »

24 avril
Jean-Paul Zuniga, EHESS[titre à venir]

15 mai
António de Almeida Mendes, université de Nantes, CIRESC et Alessandro Stanziani, EHESS, CNRS
« Statuts juridiques et inégalités. Quelles persistances après les abolitions ? » (Attention en salle 11)

22 mai
Ariela Gross, université de Californie du Sud
« Becoming Free, Becoming Black : Race, Freedom, and Law in Cuba, Virginia, and Louisiana »

12 juin
Myriam Cottias, CNRS
« “Les quatre voies du monde” : déplacements atlantiques et inter-individualité des affranchissements au 19e siècle »

  • Le vendredi de 15 h à 17 h, du 8 novembre 2019 au 12 juin 2020.

  • Contact : celine.flory@ehess.fr

  • Lieu : 105 bd Raspail, 75006 Paris, salle 3.

Partager sur :